EY s’est intéressé aux perspectives économiques sur 3 ans pour le marché du crédit bancaire, à travers notamment l’évolution du pouvoir d’achat et les mesures de soutien aux entreprises et aux ménages.
L’économie française ne sera pas à l’abri des défis du coût de la vie posés par la flambée des prix de l’énergie et des matières premières et la montée de l’incertitude économique provoquée par la guerre en Ukraine. Pour Pierre Borg, associé en charge du marché Banking & Capital market chez EY, « les ménages ressentent déjà l’augmentation du coût de la vie et cela devrait s’accentuer dans les prochains mois, l’inflation devant atteindre son plus haut niveau depuis 40 ans. Les taux d’intérêt restent néanmoins bas et le niveau d’endettement des ménages modéré. »
La croissance économique française devrait atteindre 3 % cette année et 2 % en 2023, bien que l’inflation prévue de 3,8 % en 2022 soit bien inférieure à la moyenne de la zone euro (5,9), reflétant en partie l’efficacité de certaines mesures comme le gel temporaire des prix du gaz décrété par le gouvernement et une coupure limitée dans le temps de l’électricité.
La croissance de 8,4 % des prêts hypothécaires, du crédit à la consommation et des prêts aux entreprises en 2020 a été la plus rapide depuis 2007. 2021 a vu une hausse moins vigoureuse de 4,7 % des prêts, reflétant principalement un ralentissement des prêts aux entreprises.
Les prêts bancaires nets aux entreprises françaises devraient augmenter de 4 % en 2022 et de 2,9 % en 2023 alors que les marchés reviennent aux conditions économiques d’avant la pandémie, bien que l’incertitude géopolitique et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement risquent de réduire l’appétit à court terme des entreprises pour investir.
Envolée des prêts bancaires aux entreprises
Le dispositif de garantie de l’État sur les prêts bancaires (Prêt garanti par l’État, ou PGE) mis en place pendant la pandémie a contribué à une envolée des crédits aux entreprises en 2020. Le stock de crédits aux entreprises a augmenté de 13 % en 2020, la plus rapide depuis 2007.
La demande de prêts à la consommation en France a bien résisté pendant la pandémie. Une croissance de 1,9 % a été observée au cours des deux années, bien qu’il s’agisse d’une décélération par rapport au 5,6 % de 2019 et à une moyenne de 6,7 % sur la période 2015-2019. EY table ainsi sur une hausse du crédit à la consommation de 2,7 % cette année et de 2,1 % en 2023.
La croissance des dettes hypothécaires a été le principal facteur à l’origine de l’augmentation constante de l’endettement des ménages. Ce chiffre a atteint un niveau record de 68 % du PIB en 2020, contre 53 % en 2010.
La consommation en baisse pendant la pandémie, couplée à des revenus des ménages largement maintenus, les ménages français auraient accumulé un excédent d’épargne d’environ 165 milliards d’euros (près de 7 % du PIB) au troisième trimestre 2021.
Pierre Borg, associé en charge du marché Banking & Capital market chez EY, « La hausse des prix des produits de première nécessité oblige de nombreux ménages à réduire leurs dépenses de consommation courante, ce qui influera sur la demande de prêts. D’autre part, certains ménages gardent une capacité d’emprunt pour maintenir leur consommation face à la baisse des revenus réels. Et comme l’inflation devrait dépasser la hausse des taux d’intérêt, le coût réel de l’emprunt à court terme sera moindre, ce qui pourrait rendre le crédit globalement attrayant. ».
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